Liberté • Egalité ‑ Fraternité
RÉPUBLIQUE
FRANÇAISE
LE MINISTRE
DE L'ECONOMIE
DES FINANCES
ET DE L'INDUSTRIE
Paris, le 20 DEC. 2001
v
Monsieur
le Conseiller régional,
Vous
avez appelé mon attention, ainsi que celle de M. Christian Pierret, Secrétaire
d'Etat à l'Industrie, sur la fiscalité applicable aux biocarburants.
Transposant
un principe d'harmonisation fiscale communautaire de la directive 92/81 du 1er
octobre 1992, la France a adopté la règle selon laquelle
tout produit destiné à être utilisé ou mis en vente comme carburant pour moteur
est assujetti à la taxe intérieure de consommation au taux applicable au
carburant dans lequel il est incorporé ou auquel il se substitue (article 265
[3] du code des douanes). Le critère sur la base duquel un produit tel qu'une
huile végétale est soumis à la taxe intérieure sur les produits pétroliers
(TIPP) assise sur les carburants n'est donc pas constitué parla nature du
produit mais uniquement par sa destination de carburant.
Une
exception est cependant possible en ce qui concerne les biocarburants.
Plusieurs
expérimentations concernant l'utilisation d'huiles brutes végétales ont été
conduites ces dernières années, principalement avec des huiles de colza mais
aussi de tournesol à l'usage de tracteurs. Elles ont démontré qu'il est
possible d'utiliser ces huiles brutes comme carburant dans des moteurs diesel
mais avec certaines précautions :
‑
préparation spéciale du moteur ;
‑
filtration poussée de l'huile après première pression à froid ;
‑
suivi de la durée de stockage pour limiter l'oxydation de l'huile ;
-
réchauffage de l'huile nécessaire pour le démarrage à froid (viscosité élevée).
Certains
inconvénients ont cependant été relevés :
‑
claquements liés au faible indice de cétane ;
‑
augmentation des émissions liées au craquage de l'huile entraînant des dépôts
et un
risque
de pollution accrue.
Ces résultats ne sont toutefois
pas toujours transposables aux véhicules légers et en particulier aux moteurs à
injection directe. De plus, les émissions liées à leur combustion n'ont pas
fait l'objet d'études détaillées. C'est pourquoi les pouvoirs publics ont
préféré privilégier l'incorporation des huiles de tournesol et de colza dans le
gazole jusqu'à hauteur de 5% en volume sous la forme d'ester méthylique
d'huiles végétales (EMHV), qui a démontré son innocuité.
Compte tenu du surcoût actuel
des EMHV par rapport au gazole, cette incorporation fait l'objet d'une
défiscalisation de 2,3 F/1 pour un volume de 318 000 tonnes/an de biocarburants
dans le cadre d'une procédure d'agréments. Ce volume devrait être prochainement
revu à la hausse à hauteur de 70 000 tonnes/an d'EMHV.
Par ailleurs, un appel d'offres
a été lancé conjointement par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME) et le Ministère de l'Economie, des Finances et de
l'Industrie, début septembre, afin de réaliser le bilan énergétique des
productions d'huiles brutes (tournesol et colza) et d'EMHV.
Je vous prie de croire,
Monsieur le Conseiller régional, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
Laurent Fabius
Monsieur Jean Lissar
Conseiller régional
d'Aquitaine
Hôtel de Région
33077 Bordeaux Cedex
MINISTÈRE
DE L'ÉCONOMIE
E/2001/57910/CG/EL/BD DES
FINANCES ET DE L'INDUSTRIE
139, rue de Bercy ‑ Télédoc 144 ‑ 75572 Paris
Cedex 12